mardi 17 avril 2012

Dis papa, pourquoi t'as plus de poils?

Aie, ouie, stoppppppppp!

Je t'explique.
Ton pater est un velu, une mygale d'origine mammifère, un terrain de jeu pour peignes et brosses. Sauf sur la tête qui se stabilise au niveau de la densité au cm2 de cheveux ras et courts, pas encore de tonsure à la "chaussée aux moines", pas de trous style "problème folliculaire" ( faudra chercher dans le dico), non.

Mais un dos à la gorille congolais, des épaules rembourrées naturellement d'une couche de poils bien drus et une toison pectorale,digne des bons vieux américains en débardeur du kansas...

Alors, ca fait 20 ans que j'entends la même rengaine : c'est laid. C'est moche, va te faire zépiler....
20 ans que je résiste, que je divorce à cause de ce désaccord sur le nombre et la quantité de poils à conserver.
20 ans que je me laisse pousser la toison qui blanchit petit à petit.
20 ans.

Et puis patatrac. Je vais à la plage, une de celles où poussent baraques à coktails fortement alcolisés, à cigarettes marie-jeanne et à chasseurs de galinettes cendrée des rizières. Mon amie, parfaitement épilée par contre, me dit dans son anglais aux accents russes roucoulants: Davai, thierrischka, don't be afraid.
N'écoutant que mon courage légendaire, je me laisse séduire par l'idée d'avoir un dos et des épaules me permettant d'étaler de la crème solaire sans avoir l'air d'un blaireau, dans le sens animal du terme.
Je m'installe confortablement sur la chaise longue, il ne fait que 38°C au bord de plage. La Mamy arrive et commence à ma baratiner pour me faire les ongles des doigts de pied. Je n'ai pas envie de discutailler, le voilà donc les peinards entre ses doigts sales et sa pince coupante douteuse...Clic clac en deux temps trois mouvements, me voilà refait à neuf. Les ongles.

Mais ce n'était qu'un début, car le gros du boulot arrive. Il faut que j'explique la technique car en fait, ce n'est pas une pince à épiler qui est utilisée, ni de la cire chaude, ni des pierres ponce. Non, ca c'est pour les femmelettes, les instituts de beauté, les éfféminés. Non. Moi, c'est avec de la ficelle. (http://raffa.grandmenage.info/post/2007/05/25/L_%C3%A9pilation_au_fil)

Ah ah, on rigole plus là, hein? Je vous rassure moi non plus. JE commande d'abord un mojito bien frais et bien tassé. Cul sec. Un second...
Et Mamy commence le débroussaillage...Elle m'arrache la couane !!! JE hurle, j'ai mal. Elle se marre, elles se marrent car je suis devenu la curiosité d'une plage longue de 5 kilomètres...Le Barang à dépoiler!
Mamy me fait comprendre qu'ilva falloir d'abord tailler à la serpe. Elle me montre ses ciseaux...Maman, pas çà?! Si si...Et c'est parti, la moisson. Bon là ca va, c'est cool.

Un petit coup de mojito, et la revoilà avec son fil à couper les poils. Putain, mais merde ca fait trop mal! Je me tends, m'arque boute, mais je ne dis mot. JE soufffffffffffffffffffre en silence. Presque car toute la plage est morte de rire...

Là, elle atteint une zone compliquée. Faut qu'elle passe la lame de rasoir...Nonnnnnnnnnnnnnn! Si, ma copine va chercher de la Vodka, et me balance le verre dans le dos pour désinfecter la lame! Un autre mojito please, c'est seulement le troisième!

Et c'est reparti, morceau par morceau, lambeaux par lambeaux, la sorcière des rizières m'arrachent mon pelage, ma polaire, ma marque de fabrique.

Une heure de boulot, 5 mojitos plus tard, c'est fini. Mon dos est lisse, mes épaules aussi. Et rouge vif.

JE vais me baigner, ca fait du bien, mais le mojito m'a fait aussi beaucoup de bien, plus sage de nager sur le sable dès lors..

La soirée se passe, j'oublie mon dos de bébé. Mais le lendemain...cauchemar!

Je le regarde dans le miroir, et j'y vois la lune, ses cratères, ses volcans rouges, mon dos n'est plus qu'une suite de boutons d'irritation sur toute la surface. VA savoir pourquoi, sans doute à cause  des mojitos.

Enfin, une chose est certaine : c'était la première et la dernière fois!
A bonne entendeur, salut.



Ainsi va la Vie au Cambodge.