Dis papa, ça existe les fantômes?

La petite chose avec sa djellabah blanche sur la tête qui fait ouououououou la nuit au dessus de ton lit? 

Le visage de ta grand mère morte il y a vingt ans qui vient te parler quand tu es dans ta chambre?

Ton papa?

Nombreux sont les témoignages de gens qui ont vu des choses, des phénomènes bizarres. Les cas de maisons hantées, de portes qui grincent la nuit toutes seules, de fenêtres qui s'ouvrent sans vent sont souvent rapportés.

Les explications surnaturelles ou scientifiques se bataillent la véracité des choses, parfois de manière loufoque, souvent par des illuminés soucieux de se montrer sur le devant de la scène médiatique.

Cependant, le monde des fantômes est aussi principalement celui de l'enfance et de ses peurs. Qui ne s'est pas réfugié sous ses couvertures en priant le dieu des enfants, Kiri le clown, pour que la sorcière sur son balai ne vienne pas? Qui ne s'est jamais réveillé en pleine nuit en hurlant qu'il y avait quelqu'un dans la pièce?

Les enfants inventent un monde imaginaire dans lequel ils vont aller puiser leurs joies et leurs peurs. Nos têtes blondes inventent souvent leurs histoires pour se justifier d'une bêtise, attirer l'attention sur eux, ou plus simplement parce que l'imaginaire reste un moyen de projection, alimenté par la tv et le manque d'expérience.

Pour autant, ces craintes infantiles ne sont pas à prendre à la légère. Ne cachent elles pas d'autres maux plus terre à terre? Manque de confiance, stress, vulnérabilité dans le quotidien? Par ailleurs, si les parents eux mêmes sont enclins à croire en ces phénomènes paranormaux, la tendance à croire aux récits des chérubins est plus prégnante. A l'inverse, faut il dire à son enfant qu'il ment, l'enfonçant un peu plus dans ses craintes et ses peurs?

La barrière entre le fantasme, l'imaginaire et le monde réel est complexe pour un enfant.

Pour les adultes aussi, non? 

Alors pour répondre à ta question, oui les fantômes existent! 

Les tiens sont gentils, ils veulent jouer avec toi, pas te faire de mal. C'est Casper et ses potes qui viennent mettre le bordel dans ta chambre, pour que tu te fasses engueuler le matin par ta maman pour tout ranger.

Les miens sont moins sympas. Ils sont congolais embrochés vivants, tchadiens décapites, calédoniens lapidés, parachutistes écrasés, camarades assassinés. Ils sont aussi femmes vénales, amours haineux, ou sorcières avec le balai pour ce coup ci dans le derche. À la différence de toi, personne ne me demande de les ranger le matin quand je me lève après une nuit sans dormir.

Pire, ils m'accompagnent aussi dans la journée, et continuent de vouloir m'entrainer vers des terrains de jeux malsains.

J'ai donc passer un deal avec eux, ils peuvent rester et continuer de vouloir me pourrir la vie. En contre partie, ils n'ont pas le droit de pourrir la votre. 

Et s'ils ne respectent pas le marché , je les virerai manu militari.

Ainsi va la vie la nuit.

Dis papa, est ce qu'il faut toujours tout se dire?

 Toutes les vérités sont elles bonnes à dire, c'est bien ce que tu me demandes, hein?

Hum. Oui, non, peut être. Avec ça on est sauvé, hein?

Il est en effet parfois bon de se lâcher, de dire ce que l'on pense. Et qu'importe si ça plait ou pas. L'essentiel serait de ne pas garder ce fardeau, ces mots que l'on crève d'envie de balancer?Et généralement, ce n'est pour dire des choses gentilles...

Ainsi, lorsque d'aucun se permet de me juger, sans en avoir ni le droit, ni l'expertise requise, je m'insurge et m'enflamme. Qui est cette petite conne qui vient commenter urbi et orbi ma vie privée de célibataire sans attache? Pour qui se prend elle du haut de sa petite trentaine de femme mal baisée? N'ai je donc pas le droit de vivre ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux sans que pour autant ca n'émeuve et alimente les discussions du souper devant des chiffres et des lettres sur tv5? A priori, non. Un chef , qui donne des ordres et des conseils avisés devrait aussi avoir une vie privée invisible aux yeux des autres...ben non! N'en déplaise aux pourvoyeurs de ragots, ma vie reste la mienne et ne regarde que moi. Et je le dis, face to face, sans ambages. 

D'un autre coté, il est aussi parfois bon de dire ce que l'on pense ou ressent aux gens qui nous entourent. Parfois de près. Pourquoi ne pas dire qu'on aime ou que l'on n'aime pas quelque chose à sa nana? Du plus intime au plus banal, la communication reste essentielle, vitale dans la vie d'un couple. Un monde de bizounours où tout le monde est beau et gentil doit être mortellement mortel, non? Mais dois je tout dire , hum? Tout lui dire. Lui expliquer que sa copine a une tête de salope que je me taperais bien, mais que si son mari tourne trop autour de MA gonzesse, je vais l'éclater. Lui dire qu'elle refoule du goulot le matin, quand  elle se réveille et qu'elle vient me lécher la poire, mais que je ne rechignerai pas pour une petite gâterie. Lui dire que je n'aime pas  qu'elle soit trop sexy quand on sort, mais que je sois seul à savoir qu'elle soit nue sous sa robe de cocktail.

Oui, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire car elles peuvent blesser, humilier et in fine,  détruire celui ou celle qui les reçoit en pleine poire, généralement au mauvais moment.

Je ne comprends donc pas que l'on puisse utiliser les mails les plus intimes pour alimenter une procédure de justice. Tout comme je ne comprends pas que l'on puisse étaler sa vie privée, du plus glauque au plus sexuel, en passant par le morbide ou le médical, aux seules fins de satisfaire une haine congénitale et le plaisir de se victimiser aux yeux d'une société friande de faits divers, et avariés. 

"Tourner sa langue dans sa bouche 3 fois avant de dire quelque chose"  disait ma mamy qui n'avait pas sa langue dans sa poche. 

Un autre dont je ne me souviens plus le nom argumentait sur " ce n'est pas parce qu'on a rien à dire, qu'il faut fermer sa gueule..".

Quel est donc le juste milieu entre flagornerie, vérités qui fâchent, sincérité, langue de bois ou silence?

Pour ce qui me concerne, "la vérité ne sort pas de la bouche des enfants "comme disait feu mickael jackson. Il s'agit avant tout de sentir propre avec sa conscience, d'être capable de se regarder droit dans les yeux devant son miroir sans sourciller et de vivre en paix avec les autres. 

Ca ne veut pour autant pas dire se faire mettre ou salir.

Si vis pacem, para bellum.

Ainsi va la vie au bord de la piscine.