dimanche 14 septembre 2014

Dis papa, t'as des enfants?

Ah mais j'aimerais bien! Enfin je crois.

Ça doit être bien d'avoir des petits bouts, les voir grandir, les voir changer, les voir évoluer, les voir mûrir.

Parfois je rêve que j'ai un garçon. Il est beau, c'est normal, étant moi même beau, mon fils ne peut être que beau. Et intelligent, cela va de soi. Il est blond, il a une grande gueule depuis qu'il est bébé. Il braille, la ramène tout le temps.
Enfant, je me vois lui apprendre à lire, à écrire, lui faisant refaire contre son gré ses belles lettres en attaché qui ressemblent plus à des pattes de mouches. Je me vois lui apprendre à compter, lui donner quelques conseils utiles que nos instituteurs oublient souvent de rappeler, ou ne connaissent pas. Quoi de plus merveilleux que de voir un enfant passer de l'ignorance au savoir.

Oh oui j'aimerais bien ça.

Ado, je m'imagine lui apprendre la Vie, la vraie, pas celle des jeux vidéos qu'il affectionne, ou celle édulcorée de la vie sur une île paradisiaque, loin des préoccupations de notre France très malade. Je me vois bien l'emmener en balade, rien que lui et moi, pour parler de tout, de rien, de ses premiers émois amoureux, de ses copines, de ses copains. Je me vois bien le taquiner sur le sujet sensible des premiers flirts ou de la sexualité où les jeunes confondent porno et amour. Je me vois bien sur le bord du terrain de rugby, gueulant et pestant, souffrant quand il se prend des mandales par un gros tahitien en furie.

Avec l'âge, j'imagine les coups de gueule, les affrontements, les décisions pas faciles, les heurts et les peines. Qui passent, car quand quand on aime ses enfants, on n'a pas envie de leur faire mal, simplement leur apprendre le respect, les bonnes manières, le gout de l'effort, le discernement. J'ai mis 50 ans à comprendre, et encore, je me demande si j'ai bien compris.Jeune homme, je le vois faire le beau, car beau bébé il est resté. La chevelure bouclée, le regard de velours, le verbe précis. Toute une éducation paternelle de connaisseur de la gente féminine porte ses fruits. Les études? bah ça va, après tout, y a pas le feu, papa paie, maman complète comme elle peut.

Parfois je rêve aussi que j'ai une petite fille. Elle est belle, elle aussi. Une poupée qui parle, qui rit, qui me fait rire avec sa petite voix haut perchée et son regard espiègle. Elle est différente de mon garçon, sensible et émotive visiblement, quand lui l'est aussi mais ne dit rien. Elle est fragile, nécessite une présence constante, ne supporte pas être seule. Et elle parle, elle parle, elle parle. Et elle le fait bien, elle est curieuse et apprend vite. Ses " pourquoi pourquoi"  m'amusent, m'agacent, m'affolent aussi quand je ne sais pas répondre. Et ça la fait rire, et moi aussi. Ça doit être bien de rire avec ses enfants, de tout, de rien, le matin, le soir, le week-end, la semaine. Je la vois grandir aussi cette chipie qui me rend fou. Et ça me fait peur. Peur de la voir grandir trop vite, de la voir passer de ses petites robes fleuries écarlates, à un jean taille basse string dehors, rendant l'affrontement, les larmes et les cris inéluctables. Oui, ça me fait peur de voir un autre homme que moi l'aimer un jour, ma fille, mon bébé, ma loulou. Bon y a le temps de voir venir l'animal, et peut être même que je ne le verrai jamais, car le temps qui passe ne se rattrape pas. Et vieillir ne nous rajeunit pas...disait la Palisse.

Oui ça doit être bien d'avoir des enfants. Ce qui ne doit pas l'être, c'est d'en avoir et de ne pas les voir.

Parce que majoritairement issus d'une relation amoureuse, ces enfants deviennent ensuite un enjeu, un moyen de faire mal contre celle ou celui qui décide que la vie à deux n'est plus possible  et qui partent, parfois dans la douleur, parfois sans remords, parfois contraints. Certes, cela n'est pas une généralité, certes. Certes, heureusement, des couples se séparent intelligemment avec pour seule et unique ligne conductrice, ne pas faire trop de dégâts aux fruits d'un amour passé. J'en rêve aussi.

Bien souvent, ce sont les papas qui pâtissent de ces séparations, de ces divorces conflictuels, où tous les coups sont permis. Les plus vils, les plus néfastes, aux conséquences souvent dramatiques pour ces enfants. Oui messieurs, il fallait rengainer Popole avant qu'il ne soit trop tard, entend on bien souvent. Vos malheureuses épouses bafouées méritent qu'on vous déchoit de la garde de vos enfants, qu'on vous impose des jugements débiles où l'enfant est loin de la préoccupation essentielle d'un JAF qui reste l'écoulement de ces dossiers qui encombrent les tribunaux.

Comment quantifier le préjudice moral et psychologique d'un papa que l'on prive de tous ses droits élémentaires de papa, des plaisirs et des joies d'être un papa aimant avec sa progéniture.  Oui comment, mesdames, vous êtes vous posées la question, hum. En euros? En espérance de vie car le bonheur a une influence sur la mort?

"Tout ce qui ne tue pas rend plus fort" écrivait une ex sur chaque mail qu'elle envoyait urbi et orbi. Mais non, elle se trompait: "Tout ce qui ne rend pas heureux, tue."

In fine, pour répondre à ta question initiale : oui j'ai des enfants!
- un fils, 14 ans que je n'ai vu que 6 ans,
- une fille, 6 ans que je n'ai vu que 2;
- et qui sait, un autre que je n'ai jamais vu.

Ainsi va la vie.