samedi 14 janvier 2012

Dis papa, pourquoi tu prends Air France?

Ben je me le demande! Il y a bien longtemps,quand je prenais l'avion, c'était un plaisir que d'embarquer sur la compagnie nationale bleu blanc rouge.

Ah oui, j'étais jeune et beau. Comme les hôtesses, on dit désormais le personnel navigant. Quel homme n'a jamais eu le fantasme de se culbuter une belle petite hôtesse (ou grande)? Toute pomponnée, bien habillée, avenante et charmante, gracieuse et souriante. Son beau chignon sous son petit chapeau, sa démarche dodelinante, parfois un peu trop raide de faire la belle. Mais oui!

Aujourd'hui, comme moi, les belles ont vieilli, pris des rides et des rondeurs. Pas facile de passer dans les rangées toujours plus étroites des avions, rentabilité oblige. Pas facile de rester éveillé et au service des passagers toujours plus exigeants, vu le prix du billet. Pas facile de rester aimable quand on est fatigué, qu'on a mal au dos, et que les enfants sont seuls à la maison après un divorce, monsieur n'ayant pas supporté les remarques salaces sur les hôtesses de l'air, les déplacements, les hôtels, les copines, les pilotes sexy (ou pas...).

Air france c'est aussi une énorme entreprise, avec des syndicats puissants. C'est toujours plus d'avantages, et moins de contraintes. C'est aussi les retards, les grèves, toujours quand les vacances commencent. C'est aussi Roissy ou Orly, aéroports les plus détestés au monde.

500 millions de perte en 2011..Un plan de restructuration qui se profile, des pilotes pourraient être licensiés, une premiere! Et donc, les mouvements sociaux vont redoubler: camarades, défendons nos semaines de 2 jours de travail pour 3 de recup!

C'est ça air france. Mais j'aime bien , encore.
J'aime bien parce que les avions sont sûrs et qu'en règle générale, j'aime atterrir et décoller avec un pilote qui touche sa bille. Ou alors, je monte avec un parachute et je m'en vais en cours de route, voler dans les airs et me poser tranquillement au sol. 

Alors monsieur le chef d'air France, par pitié, remettez nous des belles nanas dans les avions, même des dindes, on aimera.
Remettez nous des avions où il fait bon s'endormir au son des moteurs qui ronronnent.
Remettez nous des couverts en acier, et des plats cuisinés pas hallal ou casher.
Remettez nous des gens qui aiment leur métier, pas seulement pour aller faire la fête pendant les escales.

J'y crois encore, mais je commence à lorgner du côté des compagnies asiatiques qui ont compris qu'elles vont pouvoir manger tout crû l'enfant gâté.


Ainsi va la vie au Cambodge. 

Dis papa, pourquoi tu fais la gueule?

Ce coup ci, ceux sont les deux loulous qui me posent la  question.
Pourquoi devrais je faire la gueule d'ailleurs. Tout va bien en ce jour de retour vers le Cambodge après 3 semaines de congés en France.
Des vacances avec les enfants. Les miens, et ceux des autres pour une reprise de contact avec la famille et les amis.
Tout va bien après les fêtes de fin d'année, les bouffes, les apéros, les engueulades familiales inhérentes aux réunions de ce type.
Tout va bien après un séjour a Disneyland paris, où l'on se demande quelle crise peut bien frapper la France, ou l'Europe. Vu les tarifs exorbitants de ce parc, vu le prix d'un sandwich, vu le prix d'une bouteille d'eau, on pourrait s'attendre à ce que seuls les riches puissent avoir accès à de telles attractions. Ben non, c'est full de monde, des heures d'attente aux manèges, la queue pour avaler une saucisse dégueulasse et froide, tout va bien.
Tout va bien après avoir délesté mon compte en banque, pris de le même frénésie de dépenses de fin d'année, faire plaisir à ces enfants que je ne vois que pas assez.

Et bien non, tout ne va pas bien.

Je ne souhaite à personne de devoir partir loin de son pays, en laissant ses enfants derrière soi.  Certains diront que j'ai fait un choix, et qu'ainsi, il me faut l'assumer.
Vrai, et faux. Vrai parce qu'être muté à l'étranger est un choix de carrière. Faux de croire que c'est toujours de gaieté de coeur. Il faut aussi payer les dettes, les factures, les divorces, les emprunts...Et vivre.

Alors pour ceux qui continuent de croire que c'est super, voila comment ça se passe, juste avant de quitter ses jeunes rejetons.

D'abord, les jours qui précédent, on ne dort plus correctement, on cogite, on réfléchit, sur tout, sur rien, sur le sens de sa vie. Et forcement, on broie du noir.
On voit le cote négatif, le cote sombre. Partir, ne pas les voir, les entendre..être dépendant du bon vouloir, du téléphone, de skype, d'internet. Et s'ils m'oubliaient, ne m'aimaient plus? L'indifférence pour lot de consolation.

Et puis la veille, on ne dort plus du tout. On les regarde dormir après une soirée mouvementée. Et oui, eux sont aussi impatients de revoir leurs mamans..c'est égoïste un gosse, ça pense d'abord à son bien-être, son confort, son bonheur. Celui du papa...?
Le papa, il les regarde dans leur sommeil, apaisés, les petits anges qui parfois nous énervent. Ils sont beaux les deux nains. J'espère qu'ils auront apprécié ces vacances ensemble, appris à se connaitre, un peu.

Se découvrir, apprendre à vivre ensemble , sans s'ignorer , c'était un des buts. Sans oublier bien entendu de se crêper le chignon. Car ils sont doués pour le faire. Se chamailler pour un rien, se jalouser, se jauger, se comparer, s'engueuler, s'empoigner, pour s'amuser de nouveau.
Mais comment peut on leur en vouloir?

Alors les gosses, si un jour vous lisez ces mots, sachez que même quand votre papa et votre maman sont séparés et ne vivent plus ensemble, même quand vos parents s'engueulent, vous mêlant trop tôt aux affaires des grands, même quand votre papa habite à des milliers de kilomètres de vous, il pense à vous et vous aime, comme il peut le faire en étant loin de vous.

Et la, après vous avoir lâché dans les bras  de vos mamans, sur le quai de la gare tgv, l'un après l'autre, et en attendant l'avion qui me ramènera chez moi, je pense à vous.

Et je suis triste.

Ca ira mieux l'année prochaine à la même époque.

Ainsi va la vie au Cambodge.