samedi 21 janvier 2012

Dis papa, ca fait mal quand on meurt?

Je suis la, dans ce magnifique resort cambodgien de Kep, au milieu d'une végétation luxuriante, dominant la mer de Chine. J'observe le silence, je scrute le chant des oiseaux. J'écoute la vue, sublime. Tellement sympa.

Et en même temps, je pense. Je pense à ces pauvres gars qui se sont fait plomber en Afghanistan.
Heureux de servir leur pays pour une cause qu'ils ne comprennent pas toujours, y a t il d'ailleurs quelquechose à comprendre. La réalité est pourtant là, terrible.
Un soldat afghan, formé par nos militaires a ouvert le feu sur des hommes désarmés, en tenue de sport, qui s'entrainaient et maintenaient leur potentiel physique. 4 sont morts, 16 sont blessés, dont 7 griévement. Il dit qu'il a fait ça à cause de la vidéo des ricains en train de pisser sur des cadavres afghans...merci, bande de connards !

Du coup, on reparle un peu de ces français du bout du monde, qui font un boulot ingrat. Ces militaires..

Des conversations que j'ai pu avoir, je me suis rendu compte que le peuple français ne connait pas son armée,et surtout, mésestime ceux qui la composent.

Caricaturés grossièrement, on oublie et on sombre vite dans le nullissime. Je vais la faire courte, un militaire, un bidasse, c'est:
- un illettré qui ne peut que faire ce métier tellement il est bête,
- un alcoolique qui hante les bars et les bastringues les plus pourris,
- un violent qui aime la baston, les coups, faire mal, tuer,
- un salaud qui a une femme dans chaque port, des gosses avec toutes les putes du monde entier,
- quelqu'un qui ne paie pas d'impôts, pas d'essence,
- quelqu'un qui ne paie pas de loyer,
- quelqu'un qui est à la retraite tellement jeune qu'il peut faire au moins deux métiers après.

Ô, la france réveille toi.
14-18, c'est fini, les officiers à cheval quand la troupe court à côté, les ordonnances qui cirent les bottes, la ligne Maginot imprenable en moins de...quelques jours, les bordels militaires de campagne, les paquets de gauloise dans les rations, le Castelvin en berlingot, les bandes molletières.

L'armée française, ce n'est pas juste un 14 juillet sur les champs élizées. Honneur que d'ailleurs la moins française de nos juges, candidate au poste de chef des Armées, veut faire disparaitre, sous prétexte que c'est démodé, comme elle.
Quand la France se mobilise pour deux journalistes enlevés en Afghanistan, par leur faute et leur soif de scoop, on oublie de dire que des centaines de soldats les ont cherchés au péril de leur vie, dans la plus grande discrétion.
Quand nos expats bien riches de cote d'ivoire sont menacés par les "sauvages ivoiriens", qui veulent récupérer leur pouvoir et leurs richesses, la France est fière de son armée qui fait le coup de feu pour sécuriser et évacuer ces têtes blondes.
Quand les libyens se révoltent pour chasser un fou parano pourtant reçu en grande pompe en Europe et ailleurs, nos hommes sont là pour encourager ces futures démocraties laïques où le port de la barbe sera complémentaire de celui de la burqa...

Pas de questions, pas de grève, pas de mot d'ordre, le travail demandé par la classe politique est fait. Et bien fait. Le plus souvent. Personne ne se plaint.

C'est aussi ca, les bidasses: des coeurs d'artichaud capable de tuer des combattants adverses, mais chialant pour un gosse blessé ou malade, et prêt à tout pour le sauver. Des hommes qui prennent des risques pour des causes qu'ils ne connaissent pas ou ne partagent pas.

Alors oui, pour répondre à ta question, ca fait mal. Ca fait mal pour les familles, ca fait mal pour le moral, ca fait mal pour les copains.

Pour celui qui meurt, il n'a plus mal. Je dis ca, mais je n'ai jamais été mort. Pas loin mais vivant. Encore. En signant et en s'engageant dans l'armée, nous savons que la mort fait partie du contrat, même si elle n'y est pas inscrite en toutes lettres.

En ces périodes électorales, en temps de crise, la mort d'un soldat va devenir un terrain de conflit politique.

Pendant tous les débats et les chauds show au chaud, des hommes attendront les ordres, sans broncher, et peut être certains en mourront.

Ainsi va la vie d'un soldat.

vendredi 20 janvier 2012

Dis papa, pourquoi les enfants ils sont presque nus dans la rue?

A l'heure où nous vivons dans une société de consommation qui ne fait pas la part belle aux plus démunis, ta question mon fils est grave.
Oui des enfants vivent dans la rue. Oui des enfants dorment dans la rue. Oui des enfants travaillent. Oui des enfants se prostituent. Oui des enfants meurent dans les caniveaux avec les rats.

Je me souviens.
Nous étions au Congo Kinshasa. Et cette question était déjà là. Pays de misère pourtant riche, mais aux revenus spoliés par une infime partie des dirigeants, ultra puissants. Nous étions dans notre 4x4, vitres baissées. Et les gosses venaient taper aux carreaux. Avec leur moignon de bras, sur des planches de cul de jattes polyo, ou défoncés à l'essençe ou à la colle, à 5 ans. C'était leur façon de s'évader, de rêver car leurs rêves...Abandonnés par leurs parents car le marabout local avait dit que tous les problémes étaient de leur faute. Et que la seule solution était de les abandonner, de les éloigner défintivement du foyer. Livrés à eux mêmes, ils vivent dés lors en bande, comme des chiens en meute. De temps, quand il y en a trop sur les grands boulevards de Kinshasa, la police ( la fourriére) les ramasse,et les refoule à quelques centaines de kilomètres, avec au passage viols, et disparitions brutales.

Je ne supporte plus voir ces gosses au Cambodge qui travaillent et qui vendent leurs colliers de fleurs, en guenilles, pieds nus, crasseux, quand des dizaines de voiture de dizaines de milliers de dollars leur passent devant. Que faire?

Je ne supporte plus çes jeunes filles qui tapinent le soir dans rues de cette çapitale, proies des plus,lubriques ou détraqués adultes. Et européens comme asiatiques s'y adonnent.

Je n'en peux plus de voir ces mamans brandir leur bébé en faisant la manche, sans apitoyer personne, la chose étnt banalisée.

Et pourtant.

Et pourtant l'avenir d'un pays est bien dans les mains des enfants qui le peuple. Les inégalités ont toujours existées , mais est il normal de les normaliser, ou de ne plus les voir.

Tous les jours, au volant de ma grosse voiture, je les vois, souriant parfois, mendiant. Je les vois taper au carreau pour récupérer quelques miettes de dollars, de riels, qu'ils devront s'empresser de remettre à l'adulte qui les exploite, pas loin d'eux.
Et tous les jours je me dis que ce n'est pas juste. Je me dis qu'un pays où les enfants sont spoliés de leurs réves d'enfants peut aussi conduire ces mêmes enfants à une violence génocidaire, à la révolution, à la guerre civile.

Et chaque jour quand je les vois en guenilles, je me dis que vous avez de la chance mes enfants.
La chance d'avoir un papa, une maman qui vous aiment.
La chance de dormir dans un lit douillet, au chaud ou au frais quand il le faut.
La chance de boire de l'eau propre, de manger de la viande, de dire non quand vous n'aimez pas ce qu'on vous sert.
La chance d'aller à l'école et d'apprendre sans devenir une bête à abattre car intelligent, donc dangereux pour un inculte au pouvoir.
La chance de pouvoir prendre des médicaments à la moindre anomalie, vite ma maman, je tousse.
La chance de découvrir votre sexualité normalement, c'est à dire sans qu'un gros porc ne vous viole, impunement souvent.
Vous avez de la chançe, ne l'oubliez jamais.

Pour ma part, je pense à vous tous les jours au premier feu rouge, en sortant de chez moi et en allant gagner mon salaire d'expatriés. Et c'est déjà beaucoup, même si vous ne vous apercevez pas...

Ainsi va la vie au Cambodge.

jeudi 19 janvier 2012

Dis papa, pourquoi les fakirs se font pas mal ?

Ce matin, j'écoutais la radio française en buvant mon café khmer, sur la terrasse.
Et oui, j'ai investi dans le wifi haut débit, du coup mes petits appareils avec une pomme peuvent se connecter partout et m'informer. C'est beau la technique, mais ca fait drôle. Ecouter NRJ avec une émission qui se passe à minuit à paris, alors qu'il est 6 heures du mat ici.
Mais bon, la journaliste lance son sujet, pourquoi les fakirs ne se font pas mal sur une planche à clous, ou en marchant sur le feu!
Et là, je me dis, putain Thierry, ca c'est de l'info!
Entre le paquebot coulé, le sommet social qui nous coulera, Hollande qui torpille Hamon, Free qui coule le marché du téléphone mobile, voilà quelqu'un de décalé. Et j'écoute, car mon intelligence suprême connait la réponse. Et vous? Non, oui.

Pour la planche à clous, c'est la densité des clous qui fait que le,fakir ne se transforme pas en brochettes multiples quand il s'allonge. La surfzce de l'ensemble du corps et une densité intense de clous empechent à la gravité de jouer son rôle. Les vilaines pointes ne peuvent donc percer la couane endurci du fakir. Quid si c'est un fakir nain? Hum? Alors? Au prochain nain que vous rencontrerez, posez vous la question.

Marcher sur le feu, y a pas de truc non plus. Il faut marcher vite, poser le pied fugacement, sur des braises un peu cendrées et le tour est joué. Pas plus d'une quarantaine de pas represente un contact total d'environ une second pour les pieds. Ca passe. Pas pour les jambes de bois.

Alors info? Intox?
Si les lois de la physique sont clairse, les facultés de concentration et de méditation de ces personnages sont elles aussi pipo?

Pour ma part, je ne me vois pas dormir sur un epeda à clous, et danser la salsa sur un lit de braise, et vous?

Ainsi va la vie au Cambodge

mardi 17 janvier 2012

Dis, papa, c'est quoi une belle histoire d'amour?

Oh, tu es bien jeune pour me poser cette question, non? 11ans et quelques boutons d'acné ne devraient pas encore te faire penser à ces histoires, ces fadaises...mais tu as le droit de savoir aprés tout.

Je vais donc te donner mon avis, te dire ce que j'en pense, ce que j'en sais.
Une belle histoire d'amour c'est avant tout une histoire qui ne se calcule pas, qui ne s'invente pas, qui ne se force pas. Elle se crée toute seule, sans même qu'on la voit venir. Et puis un jour, tu te réveilles et tu te dis: c'est Elle que j'attendais!

Elle est parfois à côté de toi sans que tu la voies, parce que ton regard cherche quelqu'un d'autre, une Autre. Tu pourrais la rencontrer dans la rue et tomber raide dingue, crois moi! Elle te demande si tes courses ne sont pas trop lourdes, te propose de t'aider à les monter chez toi, et ne plus repartir de ton appartement. Non, ca, ca se peut pas, c'est nul. Un jour, elle partira.

Ou alors, tu l'as croisé un jour, adolescent, niais et crétin ( t'inquiètes, ca aussi tu ne vas pas tarder à découvrir...). Tu sors avec, tu t'amuses, elle non. Et puis, chacun fait son chemin et tu la retrouves 30 ans aprés, toujours aussi belle. Et, d'un coup, tu te réveilles, et tu te demandes comment tu as pu passer à côté de cette belle Histoire. Bon, on y croit. Non, ca aussi, c'est nul, elle est mariée et même si pas heureuse, elle reste fidéle à la morale judéo- chrétienne.

Ou alors, c'est beaucoup plus simple. Tu rencontres une femme, vous vous plaisez, pas de passion, mais l'envie d'y croire. Et vous décidez de fare un bout de chemin ensemble, pour voir, pour faire comme tout le monde, rentré dans le gabarit social. Ben oui, sinon on dira que tu es bizarre, que tu es un vieux garçon, ou un coureur de jupons...asocial!!! Du coup, ton couple va ronronner, tout le monde s'étonne et se dit que c'est une belle histoire, une histoire d'amour. Et ca peut même entrainer la venue d'un enfant, qui consolide cet amour, le matérialise. Là, tu atteins la consécration suprême, celui de pére heureux.Mais, peut- être qu'il va te manquer quelquechose: la flamme, les yeux qui pétillent, les jambes qui tremblent, les mains moites, l'excitation, l'envie...et quand tu t'en rends compte, tu pars. Bon, ca n'arrive jamais cà, je suis nul!

Une belle hisoire d'Amour, ca pourrait être aussi une story où tu vas te prendre pour zorro, robin des bois et l'abbé pierre réunis. Tu es là pour sauver l'âme de ta Belle en détresse. C'est une évidence, toi seul peut le faire, toi seul peut y arriver, et tu fonces! Tête baissée, quand tu la relèves, c'est trop tard. Zorro aurait dû être son servant muet, robin des bois aurait dû être son copain curé, et l'abbé pierre aurait dû se transformer en vrai psychologue. Les envies, desirs et doux mots se muent en d'autres, moins agrèables, blessants, violents. Oula, mais là aussi, je te raconte des conneries.

Ou alors, une autre version. Tu es tranquille, peinard, tu ne demandes rien, tu ne cherches rien. En fait, tu prends le temps de souffler aprés quelques belles histoires d'amour, déchues. Tu es là à glander, kiff my life, kiss me live. Et, soudain, Elle débarque, s'invite, rencontre improbable entre deux mondes aux opposés. Les débuts sont rudes, durs en surface mais les regards ne trompent pas, eux. Et tu sais tout de suite. Tu te dis, bon, mon gros, zen, t'as vécu, cooooooollllllllll! Mais non, car elle te regarde comme tu as envie, et tu la regardes comme on ne la regardait plus. Et, c'est parti, ils larguent tout pour vivre leur amour au grand jour! Bon , là, papa, tu deviens fou ou quoi?

Well, la belle au bois dormant tu connais? Ou cendrillon? Ah ca te gonfle...moi ausi remarque.

Alors écoute, mon fils ( ma fille aussi, mais tu as encore de la marge!).
N'attends rien de personne, vis ta vie. Le jour où rencontreras ta muse, tu le sauras, tout de suite.
Tu auras envie de tout le temps lui parler, de tout le temps l'entendre.
Tu la trouveras belle, même si elle ne l'est pas aux yeux des autres, les tiens seront largement suffisants.
Tu la trouveras intelligente, même si elle ne l'est pas. Non, ca c'est con, choisis la pas trop gourde, c'est mieux.
Tu voudras lui écrire des poèmes, à deux balles, qu'elle lira comme si c'etait Verlaine qui les avait écrit.
Tu voudras qu'elle t'envoit aussi des mots, doux, gentils, coquins que tu liras comme tu l'as fait le jour où tu as découvert que tu savais lire, oui- oui!
Elle te manquera, même si elle est là, pas loin, en train de faire la vaisselle par exemple, ou passer l'aspirateur.
Tu lui manqueras quand elle ira faire ses emplettes avec les copines, et ta CB.
C'est beau l'Amour, non!

Pour t'aider à réfléchir, deux citations.
La première, De Claude LELOUCH :" les plus belles histoires d'amour, sont celles qu'on n'a pas eu le temps de vivre."
La seconde, d'Oscar WILDE :"S'aimer soi-même est le début d'une véritable histoire d'amour qui durera toute une vie."

Vive love love.

Ainsi va la vie au Cambodge.

Dis papa, c'est bien une croisière?

Ah je te vois venir avec tes grandes palmes!
Oui, c'est super, normalement. J'en ai fait une, un jour, il y a de cela pas mal de temps.C'était la classe mondiale sur le club med II, chez toi, en Nouvelle calédonie. Un grand bateau, luxueux, pas trop de monde, et ambiance club med, tu comprendras plus tard ce qu'est l'ambiance aaaaaaaagaaaaadou dou dou. Mais une petite semaine sur ce voilier mécanique m'avait requinqué, et ravit. Mon corps d'athléte s'en souvient encore...

Mais toi, tu vois la tv, tu la regardes même. Et tu as la vision d'un énorme navire couché sur le flanc et des gens qui gueulent, et demandent à être remboursés. N'importe quoi, jamais contents les bofs!


Voilà une compagnie qui propose une croisière fun, all inclusives, et ca gueule encore.D'ailleurs sur leur site, , ils disent que votre croisière restera inoubliable!

Faut pas se plaindre alors.

Un capitaine ( commandant le navire) fun à l'allure débonnaire va vous ravir. Prestige de l'uniforme blanc, il viendra roucouler et vous faire du charme. Déjà avec moi, il aurait pris un coup de boule s'il était venu tourner autour de ma chérie. Comme j'en ai pas, il en aurait pris quand même car je suis un hétéro pur et dur...

Le capitaine disais je , il vous propose en plus et sans suppléments, des attractions diaboliques! Moi qui rentre de disney paris où j'ai payé au prix fort le droit d'avoir des émotions, je me dis que ca m'aurait plu. Scénario catastrophe, le bateau qui fait semblant de couler, les gens qui crient, courent, pleurent, et se demandent quand est ce que le jeu s'arrête. Génial, non?
Et puis, un cours de plongée sous marine gratuit! Merde alors, on en veut encore et encore plus?

Alors ce sera Koh lanta, en guenilles dans les rochers, sur la plage, en pleine nuit, et on rentre à la maison.

Pas mal la , non?

Sauf que cette fois ci, elle s'amuse pas. Notre capitaine semble être un sacré blaireau.

Vantard, il déroute le navire qu'il commande pour aller l'éventrer sur la côte ( que font les radars de profondeur et les alarmes?). Il tarde à donner l'alerte, il se sent pris la main dans le pot de confiture...

Mais le pire, c'est qu'il se tire avant tout le monde, avec une dame....

Des gens sont morts alors que peut être cette croisière était leur rêve, les économies d'une vie d'ouvrier. Heureux, fiers, le Bonheur de naviguer sur les flots bleus dans un paradis artificiel flottant. Et par l'incompétence d'un crétin, ils ont en fait réalisé leur dernier voyage.

En temps de guerre, la marine l'aurait fusillé ou pendu.

Ainsi va la vie..