mardi 12 juillet 2016

Dis papa, t’aimes le camping ?


Heu, ben, oui mais bon, hein ?!
A vrai dire, pas trop, pas trop mon style ni mes gouts. Du camping j’en ai fait pendant 35 ans.

Du genre rustique, voire très rustique.

On te dit : « Bon les gars, on part demain matin, je ne peux pas vous dire où, mais préparez vous. ». Ok, démerdes toi avec ca…Et hop, le lendemain matin tu es dans un avion avec 400 gorilles tatoués et rasés. Le bar de l’avion est démonté en 1 heure, les hôtesses se barricadent dans leur local, le commandant de bord fait un vélo parce que les gorilles chantent des chansons de cul dans l’avion, mais ca vole vers l’inconnu. Ah oui, là on n’est plus vers l’inconnue, la destination est encore un pays de merde où il va falloir sécuriser l’ambassade, et récupérer les expats pour les mettre à l’abri des vilains messieurs qui ont commencé à les découper en rondelles. Et se faisant, le camping va être organisé : Des tentes dans des hangars sous un soleil de plomb, des lits picots qui tuent le dos, des moustiquaires imprégnées de produits qui font mal à la tête, le mec qui lâche une caisse à 40 mètres mais qu’on entend comme s’il était à côté, l’autre qui se paluche à côté de celui qui prie son Dieu. Du camping 5 étoiles.

Parfois, on a fait encore mieux. Nos chefs nous organisent des séjours touristiques encore plus exotiques, genre des forêts bien tropicales et accueillantes, pour les gorilles. Et là, en plus de se taper des crapahuts avec des sacs de 40 kilos, dans la boue et la moiteur étouffante de cette verdure, on a la chance de faire des beaux feux de camp et dormir dans un hamac. Sous la pluie, avec les mouches qui dévorent les petits blancs, les serpents qui rampent sous la couette, les araignées qui dorment dans les chaussures. Le bonheur total.

Alors, ma fille, le camping ca va pour maintenant. Mais pourquoi on est dans un camping me répond la naine avec son regard espiègle de petite garce en devenir certain ?

Ben parce que dans les campings maintenant, y a pus de tentes, y a plus de caravanes, y a des mobil home ! La classe mondiale, une petite maison aux murs si fins qu’on entend aussi péter les voisins, ou quand ils font des galipettes. Ca énerve encore plus quand on est tout seul dans son lit de 1,20 m à 5 mètres du même lit qui couine.

Et puis, le camping maintenant, c’est des animations de oufs. En néerlandais dans un camping de l’Ardèche, c’est la classe quand on veut apprendre le Luchtufru…Mais là, pas envie de langues étrangères, enfin pas à apprendre. Plutôt à lécher, ca serait mieux. Et vas y que la blondinette habillée dans on habit de clown se trémousse en ricanant de ce qu’elle dit, avec son copain l’air totalement débile, et que les teutons se fendent la poire. Lou ? T’as rien compris ? Moi non plus. Un Ricard svp…Ca aidera à parler plus vite.

Mais le camping c’est aussi de l’imagination pour attirer les gens. Et nous cette année, on a la chance d’avoir des piscines, des toboggans de folie, des thons qui glissent, des baleines qui gloussent (si si ca se peut) , des morues qui s’éclatent ( pour l’huile c’est mieux), des musclés qui rentrent le ventre ( moi un peu…), des coqs qui ont sorti leur moule bite de 20 ans, des gamins qui chialent, d’autres qui pissent dans l’eau turquoise de ces bains bouillonnants de culture, et c’est bon, c’est bon. J’adore ma Fille, j’aime, je raffole.

Ah oui, pour que les vacances soient des vacances, y a pas de TV, pas d’Internet, pas de machines à laver, ca renforce les liens familiaux.

Alors oui ma loulou, j’aime le camping parce que tu es avec moi et que ca, c’est un trésor de bonheur. Mais putain, faut savoir souffrir pour te mériter.

Et là, j’ai mal !!!

Ainsi va la vie au Camping ( pas Paradis, mais les Pommiers).

lundi 27 juin 2016

Dis papa, c'est quand les vacances?

Ca y est, je reviens sur mes pages d'écriture défouloire ou défoulatoire.

Les vacances, c'est pourtant dans pas longtemps ma loulou. Je te raconte d'abord les mois passés? Impatiente la naine...

Ben oui, ça faisait un bail hein? La vache, des mois que je n'avais pas pris la plume de mon clavier qui a changé. Oui oui, MacBook Pro oblige. On n'arrête plus le progrès.

Alors que s'est il passé depuis tout ce temps là?

Des milliers de choses, et en même temps pas grand chose de neuf ou de nouveau sous les Tropiques de Lille ou de Bangui où j'ai sévi quelques mois.

Bon Papy avait trouvé un bon petit boulot bien sympa en début d'année, surtout bien payé. Mais qui dit pépettes dit aussi emmerdes et là, papy il n'a pas été déçu. On ne rentrera pas dans le détail de ce premier semestre 2016, ne gardons que les détails croustillants, hum hum.

Logé dans un 5 étoiles de cette capitale africaine, le Ledger, appartenant aux descendants de feu le prophète Mouamar Kadhafi. Le seul hôtel de la ville ou presque. Donc pas de problème pour les prix, on fait péter les factures et pour le tarif d'une suite royale à Casablanca, tu te retrouves avec une chambre normale, de la clim quand y a pas de coupures d'électricité, et une chance sur deux de t'attraper un petit dérangement intestinal dont seuls ces restaus ont le secret. Ça te tord le ventre, te le fait parler de ces gargouillis immondes, te fait serrer les fesses et prier pour que l’ascenseur ne tombe pas en panne quand tu remontes en urgence au 4eme pour aller te délester promptement. La Classe non? Remarque tu aurais pu aussi te choper des amibes dans la piscine, 35 degrés la nuit pour l'eau, des insectes pas trop dérangés par le chlore local aussi, et un sandwich au jambon beurre qui cuit sous le soleil ambiant. Non , même pas mal.

La ville est sympa, enfin quand on pense ce que ça devait être beau il y a une cinquantaine d'années. Car aujourd'hui, il ne reste que des baraques de terre, quelques immeubles chinois neufs, et subsistent de ci de là quelques bâtisses aux toits de tôles ondulées vestiges de l’ère coloniale.  Des routes défoncées vous entrainent de point en point, au milieu d'une circulation anarchique et sans règles, si ce n'est de celui qui a la plus grosse qui passe en premier, un grand classique. Et moi j'en avais une moyenne avec mon Ferdinand de chauffeur. Mon papa local, avec ses 11 enfants, à nourrir avec 50 000 CFA par mois. Je vous laisse faire la conversion en euros hein?! Ou la conversation en neuro... Sachez que ca fait pas grand chose pour 13 personnes. Pas grand chose du tout. Pas vu beaucoup de gros dans le peuple centrafricain, celui de la rue, qui souffre au quotidien. Car on meurt de faim dans ce pays, on meurt de tout, mais surtout de faim.

Alors, chacun se démerde comme il peut. Honnêtement, ou moins.  Trafics en tous genres, rackets en tous lieux, les maitres mots, les mètres maux. Comment en vouloir à ces papas qui essaient de survivre dignement. Mais comment ne pas en vouloir à ceux qui se gavent par millions, des aides d'états, des détournements de fonds nationaux et internationaux. Le système D atteint des plafonds inégalés.

Et puis, j'ai eu le privilège de me balader dans le pays, dans l'est, dans l'ouest, dans le centre et le Nord. Le Sud j'avais déjà fait puisque de l'autre coté du fleuve de Bangui, l'Oubangui, c'est la République Démocratique du Congo. Et ces déplacements, mon Dieu, que dire.
Un retour vers le moyen age en 2016? oui, c'est à peu prés ça. Même Jacouille, version noir et blanc a été aperçu, plein de fois. Pas de routes, des pistes défoncées que la saison des pluies de l'été va un peu plus détruire. Peu de maisons en dur, parfois des briquettes de fabrication locale, souvent du torchis. Écoles, hôpitaux, et autres établissements publics en délabrement total. Plus de flics, plus d'armées mais des groupes armés qui sévissent, rackettent, pillent, tuent, violent en toute impunité malgré plus 12 000 soldats de la paix de l'ONU déployés.

L'ONU...bon on va pas trop cracher dans la soupe puisque c'était mon fond de commerce, indirectement. Mais bon sang, qu'on me file le fric dépensé chaque jour dans ce pays pour ces milliers de bidasses en goguettes issus de pays en voie d'alphabétisation et je remonte le pays vite fait. Une machine bureaucratique poussée à son paroxysme de l'imbécilité administrative au détriment de l’efficience opérationnelle. Tout le monde  a compris là? Bien entendu, toute cette troupe n’empêche pas les morts, les massacres, les meurtres quotidiens. Faut pas pousser quand même! Si c’était calme, on gagnerait pas de pognon, ou moins.

Les expatriés? Ah c'est à dire les retraités qui prennent leur vacances là bas? Où ceux qui bossent dans les ambassades? Où ceux qui essaient aussi de vivre en faisant vivre des centrafricains? Ben faut dire qu'il n'y en a pas beaucoup, que souvent ca rase les murs du fait du couvre feu, ou que ca fait la fête quand ils ont une belle voiture en plaque CD. Rien de bien nouveau dans un pays comme celui là.

Il reste qui? Mes amis. Ben oui, j'ai des amis partout, vous le savez bien vous lecteurs de mes péripéties. Et bien mes amis, expatriés ou travailleurs non syndiqués vont bien ! Ils se posent des questions, ne veulent pas rentrer en larguant tout, mais ne sont pas bien dans leurs baskets. Je les comprends, quand on passé sa vie hors de France, le retour dans l'hexagone par les temps qui courent est vécue comme une punition. Et comment dire le contraire. Même si en ce moment, c'est l'EURO et il ne se passe bizarrement plus rien. Le bordel, les grèves mais pas pendant l'euro ou les vacances, faut pas pousser.

Bref, après ces 6 mois de vacances tous frais payés, je suis rentré à Lille. Retour dans la petite maison où j'attends mes cousines, ma famille pour y faire des barbecues. Mais faudra bien choisir le jour, car ici on parle bien en jour, pas en saisons. Il pleut, il pleut, il pleut, il pleut, il pleut....Les fourmis du jardin se régalent, les sales bêtes.

Pour un peu, je repartirai bien au bord de la piscine verdoyante...mais au moins au soleil et illuminée par les balles tracantes la nuit. Ca a son charme.

Quant aux vacances ma loulou, c'est maintenant comme dit Hollande. Alors dépêches toi de prendre l'avion teoute seule pour la première fois et hop, on se barre au soleil.

Ainsi va la Vie des CDD.