A rien. A tout.
Je retrouve les deux loustics pour deux semaines de vie a trois. Deux semaines par an ou demi frere et demi soeur doivent apprendre a vivre ensemble, a se decouvrir, a se chercher, et peut etre un jour a s aimer en se rapellant ces moments passes ensemble.
Pas facile quand l'un vit en nouvelle caledonier, l'autre a lille et leur papa, commun, au cambodge.
Pas facile quand il faut concilier les desiderata des uns et des autres, les souhaits des deux mamans, le respect de deux jugements de divorce debiles, les temps de conges et les imperatifs professionnels.
Pas facile quand il faut aussi essayer de faire en sorte que ca marche sans trop de cailloux dans les rouages.
Mais ca marche.
Ca marche a quel prix certes. Le resultat est pourtant un reconfort pour un papa qui attend onze mois pour voir son fils de onze ans. Un papa qui attend onze mois pour voir son fils et sa fille se tenir par la main timidement, gauchement.
Onze mois pour avoir le droit de s'endormir tous les trois dans un meme lit, serres l'un contre l'autre.
Onze longs de putain de mois.
Mais oui, il faut se battre, tous les jours, quitte a y laisser un peu de cheveux blancs ou gris, de l'encre, de la salive et des dollars.
Il faut se battre pour qu'un jour ces deux demi frere et soeur puissent se regarder et se dire que meme sans un papa tous les soirs a la maison, ils auront eu droit a leur moment de bonheur, avec la pudeur et la timidité qui les caracterisent.
Alors a quoi ca sert les enfants?
A tourmenter les parents, a leur donner du bonheur, a les inquieter, a leur faire peur, a l enerver, a les faire marcher, a les faire courir, a les faire rire, a les faire pleurer.
Ca sert surtout a leur donner notre savoir, nos valeurs, nos heritages famailiaux et ancestraux.
Pour qu'un jour eux aussi les transmettent a leurs rejetons.
Ainsi va la vie au Cambodge.
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