lundi 6 janvier 2014

Dis papa, tu sais skier?


Je reprends ma plume, mon clavier.

Après avoir perdu le gout d'écrire, l'envie d'envoyer du courrier, de prendre un beau stylo plume, du papier qui sent bon et de coucher sur ce support des mots, des phrases, des idées, des envies, des besoins, des attentes, le besoin d'écrire reprend le pas.

D'aucuns se diront : "Et oui, tu oublieras, tu vas oublier, tu as oublié, déjà...". D'autres diront :" on s'en fout".
Qu'importe, on vaut mieux que ça, dit la chanson.

"Je suis jeune, je suis beau" est écrit à l’arrière de 4 photos d'identité que je viens de retrouver. Pour combien de temps encore...

Alors ma fille, tu me poses la question qui tue?
Alors que schumi, le baron rouge, lutte entre la vie et la mort après s'être mangé un paveton lors d'un hors piste où il aurait mieux valu qu'il ait un casque intégral, ton papa dévale les pentes vertes et blanches de Cauterets avec l'élégance, la grâce, la souplesse d'un pachyderme dans un magasin de porcelaines.

Oui, ma louloutte, ton papa aurait du être loin en cette fin d'année, sur le dos d'un dumbreï cambodgien, sur une plage du sud ou à Haïti. La vie et les événements en ont décidé autrement et du coup, nous voilà dans le sud pyrénéen.

Et en théorie, cela devrait me ravir. Retrouver ma belette au lieu d'un chaton, aurait quelque part, de quoi me réjouir., ou me consoler. C'est le cas, mais. Mais voilà, c'est la fin de l'année, l'heure des bilans, le temps des résolutions que l'on ne tient jamais, les retrouvailles en famille qui ne se rassemble plus comme avant, et in fine, une certaine forme de solitude peu amène à l'allégresse.

Quoiqu'il en soit, on y est, y a de la neige, les forfaits exorbitants achetés, le matos dans la voiture, et la motivation en route.

Premier jour. Panique à bord. Lou qui dort peu, soit une douzaine d'heures par nuit , l'équivalent de 3 nuits pour son papa, a du mal à émerger. Ca commence... Petit dejeuner, j'en veux pas.... Hummm. J'aime ce départ en fanfare.
Equipement et habillage du binôme. Mon dieu, les tenues de cosmonautes qu'il va falloir s'enfiler... Et vas y que je te mets du polaire, du coton, de la doudoune. Quand on a le profil de loulou, ca va, mais moi! Pas maigrichon le papa, mais là , on dirait obelix dans sa tenue de skieur 1ere etoile.

Allez on se casse, vite direction les oeufs, ou le téléphérique. Le matos est deja dans le coffre de ma porsche tchèque. Y a plus qu'a démarrer. Ah , merde, pourquoi ma clé électronique n'ouvre plus? Bon, ca doit être le froid. J'ouvre manuellement  et essaie de démarrer. Woualou, que dalle, nada. Putain les boules! Plus de jus. On verra plus tard, pas le temps, faut crapahuter à travers le village vite fait sinon la naine loupera son cours, le premier!

Bon, papa se transforme en sherpa. Sac à skis, sacs à chaussures et naine sous le bras, nous vla partis vers la gare à pieds...au secours. Il fait moins trois degré C, je transpire! Et la louloutte me demande d'aller plus vite? Je vais lui filer les skis à celle là...

Aye, on y est. Papy souffle. Remarque il peut, vu qu'il y a  au moins 1 heure de queue pour embarquer...vers les sommets, de ma gloire. Un coup d'oeil autour de moi. Ah oui, là y a du blaireau de compet', de la dinde colorée, des familles très nombreuses, des braillards, et certainement des gens biens, cool, normaux. Allez, vite on se bouscule, on se pousse, on se fout un coup de ski dans la tronche, faut y aller, des fois qu'on loupe l'embarquement dans les cabines qui vont fonctionner non stop toute la journée.

Belle grimpette, beaux paysages, belle vue. Juste avant l'enfer.

La station en altitude. Lieu de débarquement de milliers de skieurs fous, avides de sensations, de gamelles, il en faut pour leur pognon!

Je largue la naine à son cours, déçu de ne pas y apercevoir une belle monitrice en rouge, bronzée et le regard coquin. On peut fantasmer non?

Je regarde autour de moi. Pas trop de monde, vais pouvoir m'équiper sans me taper la honte.
Les lunettes. Hop, un coup sur l'élastique...qui pète. Je vais en tuer un, je le sens. Pas de lunettes à la neige...la honte! Je ferai sans.
Les skis, ça va. Les bâtons. Ca va. Check ok. Tu peux y aller mon gros.

Et me voila dévalant ma toute première piste. A toute allure. Celle des gamins de 5 ans sur une verte toute molle. Je retrouve mes sensations, que je ne connaissais pas puisque je n ai skié en tout et pour tout que 4 fois dans ma vie: rien ne m'arrêtera! Ou presque...

Vroom, il est fou celui là?! Il dévale à toute berzingue sur son surf, tu m'as pas vu connard?! Merde, faut se faire respecter non.

Bon, suis en bas. Vivant. Faut remonter. Tire fesses... Une heure de queue. Ah non, non, non. Glander en attendant un bâton à se mettre entre les fesses. C'est mon tour , pourvu que je ne me pète  pas la gueule en partant. Non, suis un vrai pro! Je remonte, fier comme un jeune premier après sa première  galipette amoureuse. Et me voila reparti. Yes! No... Un grand écart, un crac, et mon pantalon de cosmonaute explose...putain, j'en peux plus. Je vais vraiment en exécuter un avec mes bâtons, en faire une brochette!

Je descends cette verte, tout bleu. Je déchausse, j'attends la fin du cours de ma pépette qui, elle, s'éclate.
Le soleil pointe au dessus des montagnes, c'est beau.
Ca crie, ca braille, ca frime, ca bronze, ca se casse en deux.

Je suis un homme heureux: je suis entier, ma fille aussi, et on redescend sous le soleil.

Ainsi va la vie aux sports divers.





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